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Jeudi 2 février 2017

 
Auditorium CRD
CHARLEVILLE-MÉZIÈRES

FABRICE MARTINEZ "CHUT"


photo André Henrot

Fabrice Martinez : trompette, bugle
Fred Escoffier : claviers
Bruno Chevillon : basse
Eric Echampard : batterie

Fabrice Martinez, visiblement ému, occupait la scène de l'Auditorium du CRD où il fit, enfant, ses premières auditions de trompette, avant d'y œuvrer quelques années plus tard en tant que professeur... Il y retrouvait son vieux complice Fred Escoffier avec qui il fit ses premières armes jazzistiques à Charleville-Mézières, Eric Echampard et Bruno Chevillon, ses partenaires au sein de l'Orchestre National de Jazz, ( Echampard) et du"Métatonal" de Marc Ducret. (Echampard et Chevillon)

Dès le premier morceau, on comprend pourquoi Fabrice est actuellement le trompettiste le plus demandé du jazz hexagonal le plus créatif : qualité du son, que ce soit à la trompette ou au bugle, clarté du phrasé, impressionnante palette de couleur et d'émotions et cette faculté à emmener sa trompette sur des territoires lyriques parfois au bord de l'explosion.

Mais "Chut", c'est avant tout un groupe, au service d'un projet. Et, si toutes les compositions sont signées par Fabrice, parfois co-signées avec Fred Escoffier, on sent bien qu'elles ont été faites sur mesure pour ces musiciens : Fred Escoffier et ses claviers analogiques vintage et son Fender Rhodes seventies, créateur d'ambiances autant que d'harmonies, Bruno Chevillon, ici uniquement à la basse électrique, ne se contente pas de fournir l'assise rythmique ( ce qu'il assure parfaitement ), mais il étoffe la palette sonore grâce à de multiples effets, développant un discours épousant et habillant celui des instruments solistes, et Eric Echampard, merveille de batteur dont l'énergie et l'à-propos ne se départissent jamais d'une suprême élégance.

On a beaucoup évoqué à la sortie du cd "Rebirth", la musique Motown, si c'est effectivement décelable dans certains morceaux, de par la sobriété et l'efficacité de la rythmique très groovie, d'autres compositions rappellent la progressive musique européenne, École de Canterburry, Soft Machine seconde période et Nucleus entre autres, de par les sons des claviers et de la basse en distorsion, et surtout une écriture sophistiquée, incluant des développements lyriques, des ruptures de rythmes, des explosions de percussions inattendues relançant les thèmes. A ce propos, Eric Echampard prouve une fois de plus son immense talent : rafales de caisse-claire d'une précision incroyable, coordination grosse-caisse et toms assurant le groove, laissant beaucoup de liberté à la main gauche pour la caisse-claire et les cymbales, et originalité du discours. Pour l'avant dernier morceau, une des deux caisses-claires avait été retournée, permettant un jeu à même le timbre du plus bel effet !
Fred Escoffier n'est pas en reste : au fur et à mesure du concert, il occupe plus l'espace et tout en gardant son rôle de coloriste, intervient plus souvent dans le discours, ce qui nous a valu quelques beaux dialogues avec Fabrice Martinez.
On décèle également dans ce projet un parfum de ce jazz américain utilisant le Fender Rhodes, plus proche d'un Freddie Hubbard que de Miles Davis...

Le répertoire alterne énergie et douceur, groove et ballades à l'émotion à fleur de peau. Fred Escoffier signe un morceau ("Derrière la Colline") et co-signe "Transe". Les autres morceaux sont de la plume de Fabrice Martinez qui possède un grand talent d'écriture, mais aussi de leader, mettant le jeu de ses partenaires au service de ses compositions, tout en leur offrant une grande liberté. D'ailleurs, lors du rappel, il délaisse rapidement sa trompette, pour jouer pleinement le chef d'orchestre : grâce à des gestes du vocabulaire du "sound-painting", il modèle la longue séquence rythmique, basse, claviers, et batterie à l'unisson sur un motif répétitif très puissant, la batterie foisonnante d'Echampard s'en donnant à coeur joie. Un final hypnotique, dont l'énergie le dispute à la subtilité des variations rythmiques.

La salle comble fit un triomphe à Fabrice Martinez et à ses complices. L'enfant du pays (les deux enfants du pays, n'oublions pas Fred Escoffier), Bruno Chevillon et Eric Echampard font assurément partie des valeurs sûres du jazz hexagonal , et "Chut", qui a énormément évolué depuis sa première venue à Charleville en 2010 dans le cadre d'une "Nuit Blanche", en est l'un des fleurons.

Patrice Boyer

 
Photos André Henrot


photo André Henrot


photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot

photo André Henrot



Photos Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel



photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel


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